Ecoles vaudoises: bilan contrasté de l’enseignement à distance et nouvelles mesures

octobre 29, 2020 0 Par lucas catino


Le canton de Vaud a tiré un bilan contrasté de l’enseignement à distance vécu ce printemps durant le coronavirus. Trois études détaillent le ressenti des élèves, des enseignements et des parents. Principale conclusion: les inégalités entre élèves se sont creusées. Ces enquêtes ont été présentées mardi au Gymnase lausannois de la Cité par la cheffe du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture (DFJC) Cesla Amarelle. Leurs bilans ont servi de base à de nouvelles mesures plus efficaces développées pour mieux faire face à la deuxième vague de la pandémie et un éventuel nouveau semi-confinement. L’école vaudoise est prête pour un enseignement à distance à large échelle , a-t-elle déclaré. Il s’agit désormais de progresser sur les objectifs fondamentaux du programme et pas seulement de consolider les acquis. Cette mesure doit permettre d’éviter le risque d’une année perdue, mais également de renforcer la motivation des élèves à poursuivre le travail à distance sur une période relativement longue , a-t-elle expliqué. Du présentiel aussi longtemps que possible Autre mesure, un agenda électronique commun va permettre de rassembler toutes les activités prévues et à faire durant la semaine scolaire. Il permettra aux enseignants de se coordonner sur la quantité de travail à donner aux élèves et à ces derniers de mieux structurer leur travail quotidien et de garder le rythme scolaire. Tous les élèves dès la 7e jusqu’à la fin de l’école professionnelle ou du gymnase sont en outre maintenant équipés d’une adresse email, soit plus de 100’000 adresses créées. Cela vise à faciliter et homogénéiser les échanges avec leurs enseignants. La ministre socialiste a toutefois affirmé que l’enseignement en présentiel serait maintenu aussi longtemps que possible tant que les conditions sanitaires le permettent. Elle a estimé que le port du masque dans les écoles dès le degré secondaire I (12-15 ans) était efficace et se passait bien . Décrochage limité Quant au bilan de l’enseignement à distance (EàD) du printemps dernier durant le pic de la première vague, il est contrasté , a résumé Mme Amarelle. Les situations vécues ont été différentes d’un élève à l’autre, suivant les degrés, les cursus, les enseignants et les conditions familiales, notamment socio-économiques. Corollaire de cette forte disparité , les inégalités entre élèves se sont malheureusement creusées même si le taux de décrochage a pu être limité à une moyenne de moins de 5%, surtout au gymnase et au secondaire I, a expliqué en substance la conseillère d’Etat. Dans le détail, l’enquête menée par l’Unité de recherche pour le pilotage des systèmes pédagogiques (URSP) auprès de 4461 élèves montre que le degré d’engagement dans l’EàD a été moyen . Plus de la moitié des élèves dit l’avoir suivi en entier mais ils n’ont travaillé que 12h par semaine en moyenne. Environ un tiers dit n’avoir suivi qu’une partie, à raison de 6h de travail par semaine en moyenne. Environ 5% des élèves n’ont pas du tout suivi l’EàD. Motivation en berne C’est avant tout la perte ou le manque de motivation qui est très largement invoqué pour expliquer ces décrochages partiels ou entiers, loin devant les difficultés familiales ou le manque d’équipement informatique. Un tiers des élèves ont néanmoins estimé que les conditions de travail à domicile étaient peu ou pas du tout satisfaisantes. Une des raisons d’insatisfaction est le manque d’outils nécessaires tels qu’un ordinateur ou une imprimante ainsi qu’un endroit approprié pour travailler. Ecole à la maison Du point de vue des parents, selon l’étude de la Haute école pédagogique (HEP Vaud), la période a été davantage vécue comme un temps d’ école à la maison que comme une période d’EàD. Ils se sont sentis être en première ligne dans l’accompagnement du travail scolaire. Sur les 1280 parents interrogés, 97% des parents ont dit aider eux-mêmes leur enfant lorsqu’il en avait besoin. Seuls 17% mentionnent l’enseignant comme source d’aide. Ils ont eu des difficultés à motiver leurs enfants à se mettre au travail, à persévérer. Ils ont aussi eu du mal à répondre de manière adéquate à leurs questions, à leur expliquer correctement à la manière de l’enseignant . Ce travail scolaire à la maison a aussi engendré d’importantes tensions en famille. L’étude menée par l’EPFL auprès des 5666 enseignants (43% du coprs enseignant) est la plus positive et moins nuancée. Ils estiment en majorité avoir mené à bien leur mission principale, à savoir distribuer le travail, concevoir des activités et maintenir le contact. Selon la responsable de l’enquête, il est fort probable que les enseignants moins motivés, plus démunis ou perdus, n’aient pas répondu au sondage.